Cancer du pancréas : la diététique est encore trop souvent oubliée

Plus d’un tiers des patients atteints de cancer du pancréas ont perdu 10 % de leur poids au moment du diagnostic. La dénutrition est donc fréquente et associée à plus de complications post-opératoires, à une plus grande toxicité de la chimiothérapie et à un moins bon pronostic. Au cours de l’évolution du cancer, 8 patients sur 10 souffriront de cachexie. Il a été démontré qu’un dépistage précoce de la dénutrition et sa prise en charge sont associés à une amélioration de l’alimentation, de la qualité de vie et à une réduction de la gravité des symptômes. Mieux encore, le maintien du statut nutritionnel ou son optimisation sont associés à une survie prolongée. Pour ces raisons, le dépistage de la dénutrition est recommandé, dès le diagnostic du cancer puis régulièrement au long de l’évolution, associé en première ligne à des conseils nutritionnels.

Une étude prospective a été menée à l’Hôpital John Hopkins de Baltimore, pour évaluer, d’une part la prévalence de la dénutrition chez les patients atteints de cancer du pancréas, et, d’autre part, le recours à la consultation de diététique, avec une attention particulière pour les freins à ce suivi.
 
Informer le patient sur l’intérêt de la diététique dès le début de la prise en charge

Au total, 97 patients atteints de cancer du pancréas ont été enrôlés. Ils étaient invités à remplir le questionnaire MST (Malnutrition Screening Tool), systématique avant la première consultation à l’hôpital. Ils pouvaient aussi bénéficier, avant leur hospitalisation, d’une session d’information en ligne présentant l’hôpital, l’équipe de soins, leur maladie, avec un focus particulier sur l’importance de la nutrition au cours du cancer du pancréas.

Parmi ces 97 patients, 59 (60,9 %) étaient à risque de dénutrition. Tous les patients ont été invités à consulter un(e) diététicien(ne) spécialisé(e) en oncologie, et 25 d’entre eux ont refusé cette consultation. Parmi les 72 autres, seuls 27 (37,5 %) se sont rendus à leur rendez-vous. Les 45 patients qui ne se sont pas présentés ont été contactés par téléphone pour en connaître les raisons, et 4 ont finalement accepté un rendez-vous. Sur l’ensemble de la cohorte, 31 patients (32 %) ont donc rencontré un(e) diététicien(ne).

Le fait d’avoir suivi la session d’information en ligne préalable à l’hospitalisation est le principal facteur favorisant le suivi diététique. Cela illustre l’importance d’informer les patients atteints de cancer du pancréas de l’importance de leur statut nutritionnel.

Les raisons pour lesquelles les patients ne se sont pas rendus au rendez-vous de diététique sont nombreuses. Certains ont indiqué vouloir être suivis ailleurs, d’autres ont souligné les frais de consultation non pris en charge, ou le fait qu’il leur semblait que leur poids et leur appétit étaient stables. La majorité des patients a émis le souhait de réévaluer leur statut nutritionnel avec le test MST, mais ne l’ont pas fait, ce qui, pour les auteurs signifie sans doute que la nutrition n’est pas pour eux une priorité ou qu’ils ne voient pas la prise en charge nutritionnelle comme faisant partie intégrante de leur traitement.

En conclusion, il semble d’après cette étude qu’informer le patient dès le début de la prise en charge, sur l’importance de la nutrition dans l’évolution de la maladie, soit l’élément essentiel pour favoriser l’engagement du patient dans son parcours nutritionnel.


Synthèse de publication réalisée en collaboration avec l’entreprise Nutricia.


Dr Roseline Péluchon

<sub>Wong, S.C., Reddy, A.V., Hacker-Prietz, A. et al. Effectiveness of the nutrition referral system in a multidisciplinary pancreatic cancer clinic.

Support Care Cancer 31, 322 (2023). https://doi.org/10.1007/s00520-023-07795-3</sub>