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La dysphagie n’est pas l’exclusivité des cancers de la tête et du cou
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Le terme de dysphagie au cours du cancer évoque le plus souvent les cancers de la tête et du cou. Elle n’est toutefois pas l’exclusivité de ce type de cancer et elle est associée à une augmentation de la morbidité, de la mortalité et du coût des traitements.
Une équipe coréenne a réalisé une étude rétrospective menée à partir des données du service national d’assurance maladie nationale. Au total, les données de près de 1,2 million de patients, chez lesquels un diagnostic de cancer a été porté entre 2010 et 2015, ont été relevées jusqu’en 2017. Les auteurs ont ensuite comparé l’incidence de la dysphagie chez ces patients à celle signalée chez des individus non atteints de cancer, appariés par âge et genre.
Une incidence 2,8 fois supérieure à celle retrouvée chez les non malades
Les données confirment que le symptôme « dysphagie » doit être recherché chez tous les patients atteints de cancer, quelle que soit la localisation. Pour tous types de cancers confondus, l’incidence de la dysphagie est en effet de 7,8 pour 1000 personnes-année, soit 2,8 fois supérieure à celle retrouvée chez des personnes non malades, après ajustement pour l’âge, le genre, la raison de la dysphagie, l’indice de comorbidités et les revenus.
Sans surprise, le risque est particulièrement élevé pour les cancers de la tête et du cou en comparaison avec les patients non atteints de cancer : cancer de la bouche et du pharynx (Hazard Ratio ou HR 20,65 ; IC 95 % 15,66 à 21,26), cancer de l’œsophage (HR 18,25 ; IC 95 % 15,66 à 21,26) et cancer du larynx (HR 12,87 ; IC 95 % 10,33 à 16,02). Mais il est loin d’être exceptionnel dans d’autres localisations comme les cancers du système nerveux central (HR 12,42), du poumon (HR 4,77) et les leucémies (HR 4,61).
Age, comorbidités, sarcopénie, fragilité et dépression favorisent la dysphagie
La dysphagie associée au cancer de la tête et du cou dépend de :
Au cours du cancer du poumon, il s’agit souvent de troubles liés à la compression médiastinale de l’œsophage, à une invasion tumorale ou à la compression du nerf récurrent, ainsi qu’à des séquelles de radiothérapie à haute dose. Quant à la dysphagie accompagnant les cancers hématologiques, il s’agit souvent d’un effet collatéral des traitements. Enfin, certains facteurs favorisent la dysphagie, comme l’âge, les comorbidités, la sarcopénie, la fragilité ou la dépression.
Comme le remarquent les auteurs de l’étude, bien que la survie après cancer se soit améliorée, il reste difficile pour les patients d’éviter certaines complications ou symptômes invalidants. La dysphagie persistante peut entraver l’obtention d’une guérison totale et doit être systématiquement recherchée et prise en charge, pour tous les types de cancers.
Synthèse de publication réalisée en collaboration avec l’entreprise Nutricia.
Dr Roseline Péluchon
Kwon, S., Kim, G., Cha, S. et al. Incidence of dysphagia requiring medical attention in various types of cancers: A nationwide population-based cohort study. Support Care Cancer 31, 309 (2023). https://doi.org/10.1007/s00520-023-07778-4