La mucite, effet indésirable fréquent des traitements anti-cancéreux

La mucite bucco-pharyngée est une complication fréquente des traitements anti-cancéreux, qu’il s’agisse de la radiothérapie, de la chimiothérapie ou des thérapies ciblées. Elle est la conséquence d’une altération de l’épithélium et du tissu conjonctif sous-jacent. Les lésions sont à l’origine de douleurs, de difficultés alimentaires et d’une dégradation de l’état nutritionnel du patient. La mise en place d’une alimentation entérale peut être nécessaire.

De nombreuses études ont été réalisées, évaluant différents protocoles de prévention et de prise en charge de la mucite pendant les traitements anti-cancéreux : soins dentaires, soins de bouche, photobiomodulation. Cette dernière a montré son efficacité en association avec des soins préventifs, mais elle est encore peu accessible et d’un coût élevé. Les protocoles pluridisciplinaires d’hygiène bucco-dentaire ont aussi fait la preuve de leur efficacité mais il n’existe pas de protocole standardisé ou individualisé à ce jour.

C’est la raison pour laquelle il est apparu intéressant de faire le point, à la lumière d’une méta-analyse menée par une équipe brésilienne. Les auteurs ont réalisé une revue de la littérature et la méta-analyse de 25 essais randomisés contrôlés et de 14 essais non randomisés. L’objectif de l’étude était de répondre à la question suivante : les soins bucco-dentaires sont-ils efficaces pour réduire l’incidence et la gravité des mucites ?

Des soins dentaires à initier avant le début du traitement

L’analyse des essais randomisés montre que les conseils préventifs d’hygiène bucco-dentaire et les bains de bouche réduisent la gravité des mucites, mais n’en diminuent que modérément l’incidence. Dans les essais non randomisés, ils semblent en réduire à la fois le risque et la durée.

Les auteurs rappellent qu’idéalement, des soins dentaires devraient être initiés avant le début du traitement pour :

• réduire ou éliminer les facteurs d’infection ou de douleur,
• pour la surveillance pendant le traitement,
• pour la délivrance des conseils d’hygiène buccale.

Ils rappellent que cette prise en charge doit être adaptée en fonction de la situation de chaque patient.

Finalement, si cette méta-analyse ne permet pas de dégager la supériorité d’un protocole, elle confirme que la conduite la plus efficace en soins courants pour réduire les mucites semble être l’association de conseils pour une bonne hygiène buccale et de bains de bouche à la chlorhexidine.

 

Synthèse de publication réalisée en collaboration avec l’entreprise Nutricia.

 

Dr Roseline Péluchon

 

de Lima Martins JO, et coll. : Oral hygiene protocols reduce the severity and incidence of oral mucositis during antineoplastic treatment: a systematic review and meta-analysis of randomized and non-randomized clinical trials. Support Care Cancer. 2023 Jul 21;31(8):480.