- Nutrition Infantile
La neurotoxine dérivée des éosinophiles peut-elle être un marqueur fiable pour le diagnostic d’APLV ?
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Le diagnostic rapide d’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) est crucial pour limiter son impact sur la croissance et la qualité de vie de l’enfant. Il n’est pas toujours simple, notamment dans le cas d’allergies non IgE-médiées. Les surdiagnostics sont fréquents, conduisant à des évictions alimentaires injustifiées, à des dépenses inutiles, voire à des carences nutritionnelles.
Le score CoMiSS aide à identifier les symptômes qui peuvent être reliés à une APLV, mais il ne constitue pas en soi un outil de diagnostic fiable. La recherche de biomarqueurs simples est donc intéressante.
Les éosinophiles, principales cellules du processus allergique, libèrent une neurotoxine dérivée des éosinophiles (EDN) qui peut être mesurée dans le sang. Elle a déjà été utilisée dans plusieurs études portant sur la rhinite allergique et l’asthme. Aucune étude n’a toutefois examiné les taux sériques d’EDN chez les enfants présentant une APLV.
Une équipe égyptienne a comparé 45 enfants atteints d’APLV, à 45 enfants présentant des troubles gastro-intestinaux fonctionnels et 45 autres enfants en bonne santé. Le score CoMiSS était documenté pour tous et les taux d’EDN mesurés avant de commencer le régime d’éviction, ainsi que les autres paramètres hématologiques.
En ce qui concerne les scores CoMiSS, l’analyse identifie un score > 9 comme le meilleur seuil pour différencier les enfants avec APLV de ceux sans APLV, avec 97,78 % de sensibilité et 78,89 % de spécificité, en cohérence avec les mises à jour récentes qui fixent un seuil ≥ 10 comme suggérant une APLV.
Si les auteurs soulignent les bonnes performances du score CoMiSS dans cette cohorte, ils l’attribuent toutefois au fait que la majorité des enfants présentant une APLV ont de multiples symptômes, ce qui contribue à renforcer le score CoMiSS total.
Pour l’EDN, un taux > 14 ng/ml distingue les enfants atteints d’APLV, avec une sensibilité de 86,67 % et une spécificité de 60 %. L’analyse des données retrouve une corrélation positive significative entre le taux d’EDN et le score CoMiSS.
Enfin, le taux de neutrophiles présente lui aussi une bonne sensibilité (80 %) et une bonne spécificité (78,89 %) pour le diagnostic d’APLV.
Les auteurs concluent à la bonne performance du taux d’EDN comme biomarqueur pour le diagnostic d’APLV. Ils ajoutent que le CoMiSS > 9 démontre ici une bonne efficacité pour distinguer l’APLV des troubles fonctionnels digestifs. Enfin, le taux de neutrophiles, autre paramètre qui semble performant dans le diagnostic d’APLV, pourrait bénéficier d’explorations complémentaires.
Dr Roseline Péluchon
Bahbah WA, Abo Hola AS, Bedair HM, Taha ET, El Zefzaf HMS. Serum eosinophil-derived neurotoxin: a new promising biomarker for cow's milk allergy diagnosis. Pediatr Res. 2024 Dec;96(7):1812-1821. doi: 10.1038/s41390-024-03260-x.