Surdiagnostics d’APLV : des facteurs de risque identifiés

Les surdiagnostics d’allergie aux protéines de lait de vache (APLV) sont fréquents.
Ainsi, alors que l’APLV concernerait environ 1 % des enfants de moins de 2 ans, les prescriptions de formules hypoallergéniques sont, dans certains pays, plus de 15 fois supérieures à ce qui serait prévisible.

Or, ces prescriptions non justifiées ont des conséquences sur la santé de l’enfant.
Dans les laits hypoallergéniques, le lactose peut être remplacé par d’autres sources de glucides, comme le sirop de glucose ou les maltodextrines, sucres libres dont l’OMS recommande de limiter la consommation pour prévenir l’obésité et préserver la santé dentaire.

Le surdiagnostic d’APLV peut avoir d’autres conséquences, comme des dépenses de santé inutiles, l’anxiété parentale et une interruption prématurée de l’allaitement maternel.
Cette question du surdiagnostic d’APLV retient donc l’attention.

Une étude a été réalisée sur une cohorte de 1400 nouveau-nés ayant des antécédents familiaux d’atopie.
L’objectif était de caractériser les surdiagnostics d’APLV et d’identifier les facteurs de risque au niveau individuel et au niveau de la prise en charge en soins primaires.

Le surdiagnostic était défini de 3 façons :

• une réaction du nourrisson rapportée par les parents lors de la consommation de lait,
• la mention de symptômes d’hypersensibilisation au lait dans le dossier médical,
• et la mention de prescription d’une formule hypoallergénique.

À l’âge de 2 ans, sur la totalité de la cohorte, 1,4 % des nourrissons ont une APLV confirmée.
Parmi les non allergiques :

• 16,1 % avaient eu une réaction lors de la consommation de lait,
• 11,3 % avaient une hypersensibilité au lait,
• et 8,7 % avaient reçu une prescription de lait hypoallergénique.

Les surdiagnostics et les prescriptions inadaptées sont principalement réalisés par les praticiens en soins primaires, le plus souvent en réponse à des symptômes gastro-intestinaux.

Les facteurs de risque de surdiagnostic incluent :

• la prise d’antibiotiques par la mère pendant la grossesse,
• et un taux élevé de prescriptions de formules hypoallergéniques par le praticien.
  La pratique de l’alimentation artificielle exclusive est également associée à une augmentation du risque de formule hypoallergénique.

L’identification des facteurs de risque de surdiagnostic est une approche pour sensibiliser les professionnels de santé et améliorer la prise en charge des nourrissons.

Dr Roseline Péluchon
Allen HI, et coll. Prevalence and risk factors for milk allergy overdiagnosis in the BEEP trial cohort. Allergy. 2025 Jan;80(1):148-160.
🔗 https://pmc.ncbi.nlm.nih.gov/articles/PMC11724250/