- Dénutrition Adulte Orale ou Entérale
Troubles du goût durant le cancer, un symptôme fréquent et pourtant « orphelin »
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Les troubles du goût sont fréquents dans la population générale et peuvent avoir de multiples causes. Il peut s’agir de dysgueusie (altération du goût), hypogueusie (diminution de la sensibilité gustative), d’hypergueusie (sensibilité gustative excessive) ou d’agueusie (absence de sensation gustative).
Ils sont particulièrement fréquents chez les patients atteints de cancer, présents parfois dès le diagnostic, ou pendant le traitement, dans les suites de celui-ci sous forme d’effet indésirable chronique. De nombreuses causes sont possibles, comme des effets directs ou indirects (syndrome paranéoplasique) de la tumeur, des effets secondaires des traitements et des co-morbidités.
Malgré leur fréquence au cours de l’évolution du cancer, les troubles du goût sont considérés comme un « symptôme orphelin », peu étudié et non pris en charge de manière adéquate. Une revue de la littérature a été réalisée afin de déterminer la prévalence des troubles du goût, leurs caractéristiques cliniques et leur impact sur les patients.
Le premier constat est le petit nombre d’études réalisées sur le sujet, et le faible nombre de participants qu’elles incluent. Il apparaît toutefois que les troubles du goût sont un problème fréquent chez les patients atteints de cancer à un stade avancé, malgré de grandes variations dans les taux selon les études (taux médian 55 %, de 27 % à 93 %). Si les patients en parlent peu dans les questionnaires en ouvert, ils sont plus fréquents au cours de leur recherche systématique. Peu de données sont disponibles concernant les facteurs modifiant leur prévalence.
Sur le plan clinique, les troubles du goût sont le plus souvent un symptôme persistant, d’intensité modérée à sévère, et ayant un impact psychologique significatif. Tous les types de troubles peuvent être présents, souvent associés, et peuvent affecter toutes les saveurs (amer, acide, salé, sucré et umami). Ils peuvent aussi être associés à des troubles de l’odorat.
Le faible nombre d’études consacrées aux troubles du goût confirme le statut de symptôme « orphelin », et plaide pour leur meilleure reconnaissance, par les patients, les familles et plus encore par les praticiens. Cela est d’autant plus nécessaire que les troubles du goût sont accessibles au traitement, permettant de retrouver le plaisir de manger et de boire et par là d’améliorer la qualité de vie. L’amélioration des troubles permet aussi de prévenir ou de limiter la dénutrition, cause majeure de décès chez les patients atteints d’un cancer.
Les auteurs soulignent l’importance du dépistage et de la prise en charge spécialisée.
Synthèse de publication réalisée en collaboration avec l’entreprise Nutricia.
Dr Roseline Péluchon
Hannon M. et coll. Taste disturbance in patients with advanced cancer: a scoping review of clinical features and complications. Support Care Cancer 31, 562 (2023). https://doi.org/10.1007/s00520-023-08012-x